Emily St John Mandel, Station Eleven, éd. Rivages, 22€
Le chaos s’est installé suite à une pandémie foudroyante, mais pour cette petite troupe d’acteurs et de musiciens itinérants, continuer à sillonner les routes pour jouer Shakespeare dans les communautés qui ont pu s’organiser, c’est lutter pour la vie et la beauté. C’est prolonger
l’humanité, « parce que survivre ne suffit pas ».
Jean-Marie Blas de Roblès, L’île du Point Némo, Points Seuil, 8,1€
Laissez-vous happer par ce monde bigarré et excentrique entre Sherlock Holmes et Vingt mille lieues sous les mers. Des prostitués siamoises, un homme à trois jambes, un « nolife », des psychopathes entourés d’aristocrates anglais aussi étourdis, gavés et comblés que nous.
Voici une odyssée étourdissante, fantasque et jouissive dont on ressort abasourdi et heureux !
Craig Clevenger, Le Contorsionniste, éd. Le Nouvel Attila, 20€
Faussaire de génie traqué par les hôpitaux psychiatriques, la police et la mafia, John Vincent endosse pour leur échapper des identités à l’infini. Pour chacune d’elles, il fabrique des preuves nouvelles : noms, papiers, adresses postales, et jusqu’à ses souvenirs…
Une fuite en avant qui va vite s’enrayer.
Céline Minard, Le grand jeu, éd. Rivages, 18€
Installée dans un refuge high-tech accroché à une paroi d’un massif montagneux, une femme s’isole de ses semblables pour tenter de répondre à une question simple : comment vivre ? Outre la solitude, elle s’impose un entraînement physique et spirituel intense fait de longues marches,
d’activités de survie, de slackline, de musique et de la rédaction d’un journal de bord. Saura-t-elle « comment vivre » après s’être mise à l’épreuve de conditions extrêmes, de la nature immuable des temps géologiques, de la brutalité des éléments ? C’est dans l’espoir d’une réponse
qu’elle s’est volontairement préparée, qu’elle a tout prévu. Tout, sauf la présence, sur ces montagnes désolées, d’une ermite, surgie de la roche et du vent, qui bouleversera ses plans et changera ses résolutions… Avec son style acéré, Céline Minard nous offre un texte magnifique sur les jeux et les enjeux d’une solitude volontaire confrontée à l’épreuve des éléments.
Clémentine Mélois, Cent titres, éd. Grasset, 10€
Ce n’est peut-être pas une nouveauté de l’année, mais on a tellement ri qu’on ne peut s’empêcher de vous suggérer ces titres pastiches de grands classiques littéraires pour votre fin d’année !
Mariam Petrosyan, La Maison dans laquelle, éd. Monsieur Toussaint Louverture, 24,5€
Lorsque l’on découvre la lecture, c’est de manière générale assez jeune et je ne déroge pas à cette règle. C’est donc aussi durant cette période que nos goûts vont se forger, vont même déterminer certains choix et surtout nous faire éprouver des sensations et des émotions à nulle autre pareilles. Souvent, plus tard, plus vieux, je serai à la recherche de ces mêmes sensations, de ces soubresauts incroyables que j’ai éprouvés lors de telle ou telle lecture, mais non rien, le plus souvent de très grosses déceptions ou au pire un hochement de tête entendu.
Et puis un jour un éditeur, Monsieur Toussaint Louverture, publie « La maison dans laquelle » et d’un seul coup tout a changé.
C’est quoi au juste la Maison ? Un établissement pour enfants handicapés qui seraient inadaptés à l’extérieur ?
En quelques pages je me suis plongé avec simplicité et fascination dans cette ogre qu’est la Maison. J’ai frissonné pour ces ados qui défont le monde, fument clopes sur clopes, boivent des liqueurs magiques, peignent des dragons blancs tout en haut des murs, ou bien se battent en hordes rangées de fauteuils roulants contre manchots, psychotiques et autres formes artistiques de la nature. J’ai ri, transpiré, dansé, hurlé, et suis ressorti à chaque fois tout rempli d’une mélancolie que seuls Loup, Fumeur, Sauterelle ou Lord peuvent comprendre.
Ça y est je l’avais enfin mon livre, celui qui était en train de me mettre à genoux à quarante ans passés, celui qui fait que chaque fois que l’on y retourne on croit retourner chez soi. Et comme mon métier c’est d’être un « passeur » je vous invite chez moi… à lire La Maison dans Laquelle.
David Van Reybrouck, Zinc, éd. Actes Sud, 8,5€
À travers le destin d’Emil Rixen né en 1903 dans une petite bande de terre entre les Pays-Bas et la Prusse, plus tard entre la Belgique et l’empire Allemand, David Van Reybrouck nous invite à réfléchir à deux sujets d’une actualité brûlante : la fin d’une utopie européenne et le retour des frontières, matérialisation sur le terrain de la résurgence des nationalismes.
C’est le génie des grands que de nous emporter dans une histoire à la fois aussi technique que singulière. La petite histoire
dans la grande…